Pour une prise en charge des victimes des essais nucléaires
À l’occasion de la 3e Journée internationale contre les essais nucléaires, le Réseau « Sortir du nucléaire », Armes nucléaires STOP, Moruroa e tatou et Observatoire des armements manifestent leur soutien aux victimes des essais nucléaires et demandent aux parlementaires et au gouvernement français d’œuvrer sans attendre pour une véritable réparation des conséquences sanitaires et environnementales.
L’Assemblée Générale de l’ONU, au cours de sa 64ème session, a proclamé le 29 août «Journée internationale contre les essais nucléaires » afin de sensibiliser le public aux effets des explosions nucléaires « et à la nécessité d’y mettre fin, en tant que moyen parmi d’autres de parvenir à l’objectif d’un monde sans armes nucléaires » (résolution 63/45).Depuis le 1er juillet 1945, date du premier essai atomique réalisé par les États-Unis — suivi des tirs sur Hiroshima et Nagasaki les 6 et 9 août 1945 — ce sont plus de 2 000 explosions nucléaires qui ont été effectuées dans le monde.
Ces explosions ont provoqué de graves conséquences sanitaires et environnementales autour de tous les anciens sites d’essais de la planète. Les victimes — militaires et civils employés pour les essais et peuples autochtones — ont de grandes difficultés à faire reconnaître leurs droits à réparation.La France a effectué 210 essais nucléaires, atmosphériques et souterrains, du 13 février 1960 au 27 janvier 1996. Ces tests furent d’abord réalisés en Algérie à Reggane et In Ekker de 1960 à 1966, puis en Polynésie sur les atolls de Moruroa et Fangataufa de 1966 à 1996.La situation demeure extrêmement préoccupante. L’impact environnemental est sous-estimé. Des centaines de tonnes de déchets radioactifs et de matériaux contaminés ont été laissés sur les sites ; du plutonium et d’autres radionucléides ont été dispersés sur des milliers de kilomètres. En Polynésie, un effondrement de l’atoll de Moruroa pourrait se produire, provoquant un tsunami menaçant les habitants de l’atoll voisin de Tureia et une pollution radioactive sans précédent du milieu océanique.
L’impact sanitaire est volontairement minimisé. La France a enfin reconnu que ses essais nucléaires avaient fait des victimes, mais celles-ci voient toujours leurs droits déniés. La « loi Morin » de 2010 a confié au ministère de la Défense le pouvoir de reconnaître et d’indemniser les victimes. Cette loi, même modifiée par le récent décret de mai 2012, impose des conditions très restrictives pour la reconnaissance des droits des victimes. À ce jour, seules 5 d’entre elles ont pu bénéficier d’une indemnisation. Les archives des essais nucléaires restent inaccessibles aux associations de victimes, à leurs avocats et aux experts indépendants.
En août 2011, face à l’indifférence des puissances nucléaires, de nombreuses associations en France, en Algérie, au Japon, en Polynésie, soutenues par les autorités des Églises de tous les États insulaires du Pacifique, ont lancé un appel aux Nations Unies. Elles demandent une réelle prise en charge des victimes d’essais nucléaires dans le monde et la programmation d’une décennie (2012-2021) pour le nettoyage, la réhabilitation et le développement soutenable des régions contaminées.
À l’occasion de cette 3e Journée internationale contre les essais nucléaires, nous renouvelons cet appel et demandons aux parlementaires et au gouvernement français d’œuvrer sans attendre pour une véritable réparation des conséquences sanitaires et environnementales.
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